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Le rêve et l’image photographique, fenêtres ouverte sur l’imaginaire

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            « Une sorte de bureau dont je sors par la fenêtre. Beaucoup de gens en bas, dans un genre de cour intérieure, soleil. Ils m’aident à descendre. Ils sont gentils. Quelqu’un d’autre est descendue par là avant moi mais je ne sais pas qui. »

Je me réveille un matin avec le souvenir de ce rêve. Je le vois, je le revis, il est présent, doux et étrange à la fois. Il me suivra toute la journée, sans que je ne sache vraiment pourquoi. Combien de rêves comme celui-ci avons-nous fait ? De ceux qui restent inscrits dans notre rétine et dans nos pensées une fois la nuit terminée ?

Le rêve crée en dehors de soi une réalité qui est soi, dit-on en psychosomatique relationnelle, discipline fondée par Sami-Ali, philosophe et thérapeute ayant mis l’imaginaire au centre de ses recherches et de sa théorie relationnelle. Le rêve pense l’impensable, imagine l’inimaginable, conçoit l’inconcevable, réconcilie l’irréconciliable. Il relie passé et présent, réel et imaginaire, âme et corps et ouvre une exploration des possibles. Le rêve nous parle, nous raconte, profondément.

Dans le cadre d’une thérapie en psychosomatique relationnelle, le rêve est donc un élément puissant et fondamental. Il est une fenêtre ouverte (ou à ouvrir) sur l’imaginaire et sur ce qui nous habite. Car le rêve est toujours présent, même s’il nous échappe, même si nous n’en avons pas le souvenir. Nous rêvons tous, nous pensons tous, tout le temps.

De la même manière, la photographie, par son lien direct avec le réel (l’image prouve ce qui a été) et par sa puissance émotionnelle et projective, relie également imaginaire et réel, passé et présent.

             « Un gros plan. Je dois avoir cinq ans environ, je regarde l’objectif, je ne souris pas. J’ai quinze ans lorsque je découvre cette image et, dès lors, elle m’obsède. Je la dessine, je l’observe, je la range dans un endroit sûr, à l’abri de la lumière. Je ne veux pas qu’elle s’abîme.  Elle a été prise par mon oncle, photographe assidu et témoin de toutes nos réunions familiales. Le tirage a été fait à la main, on voit encore sur le papier les traces de la chambre noire. Je me reconnais instantanément dans ce regard dur et sensible à la fois. Cet œil légèrement plus fermé que l’autre, cette petite bouche close mais qui ne demande qu’à parler. Tout me touche dans cette photographie. Elle ne me quittera plus. »

 La photo nous raconte, elle aussi. Elle nous connecte instantanément à nos émotions, à notre histoire. Elle nous ramène à un instant révolu et parfois même oublié et, par là même, nous permet de percevoir l’imperceptible : ce qui n’est plus.

De manière concrète, dans le cadre d’une thérapie, j’invite, entre autres, le patient à raconter et « lire » ses rêves. Il ne s’agit pas ici d’interprétation mais de simple lecture personnelle du rêve, le principal étant de savoir ce que le songe raconte à la personne, profondément, et comment cette lecture peut le faire avancer. Si le souvenir du rêve n’est pas présent, la relation thérapeutique et l’utilisation de photographies peut favoriser ce retour du souvenir du rêve et faire avancer le processus thérapeutique.

Le travail sur les rêves, accompagné d’une exploration photographique, peut donc, petit à petit, éclaircir certains éléments nébuleux de notre vie, créer une mise à distance avec des évènements difficiles, mettre en lumière nos ressources personnelles et créatives et favoriser une forme de projection vers une autre manière de voir et de vivre les choses. Une autre façon d’habiter le monde.

Alors partons en exploration et renouons avec notre part onirique et créative.

Véronique Crosset - Thérapeutes - Champaca

Auteur

Véronique Crosset, thérapeute en psychosomatique relationnelle et photographie thérapeutique

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